D’emblée, je tiens à vous aviser que le Patrimoine avec un P majuscule, ça ne veut pas nécessairement dire que le bâti doit être centenaire. C’est pour ça que la revitalisation du Biodôme de Montréal entre en plein dans notre définition du sujet de cette plateforme.
Kanva, firme montréalaise d’architecture fondée en 2003 par Rami Bebawi et Tudor Radulescu est composée d’un collectif d’architectes qui sont très heureux de dévoiler la délicate majestuosité du Biodôme de Montréal nouvellement redessiné ; un musée des sciences qui plonge les visiteurs dans le cadre authentique et immersif d’une série d’écosystèmes.
Construit dans l’ancien Vélodrome bâti pour les Jeux Olympiques de Montréal de 1976, le Biodôme ouvre ses portes en 1992. Il fait partie d’un consortium d’installations qui représentent collectivement les espaces muséaux les plus visités au Canada. En 2014, Kanva remporte le volet « Biodôme renouvelé » du concours international d’architecture organisé par Espace pour la vie, l’organisme en charge des opérations du Biodôme, du Planétarium, de l’Insectarium et du Jardin botanique de Montréal, afin de mener à bien le projet de 25 millions de dollars.
« Notre mandat consistait à amplifier l’expérience immersive liant les visiteurs et les différents écosystèmes du musée, ainsi qu’à transformer les espaces publics du bâtiment », note Bebawi, architecte responsable du projet.
« À travers ce projet, nous avons pleinement assumé le rôle que le Biodôme joue dans la sensibilisation des humains à la complexité des environnements naturels, en particulier dans le contexte actuel des changements climatiques. »
Rami Bebawi, KANVA
Afin de structurer ce grand espace ouvert qui constitue aujourd’hui le cœur du bâtiment, Kanva conçoit de façon paramétrique une paroi vivante qui enveloppe les écosystèmes, accompagnant les visiteurs à travers l’espace. Nécessitant une ingénierie structurale particulièrement complexe et conçue sur mesure, l’installation de la paroi préfabriquée aux formes biophiliques se présente comme une tâche titanesque. Ne laissant aucune marge d’erreur, la paroi textile est tendue sur une structure en aluminium courbée, elle-même supportée par la structure primaire en acier, qui présente de nombreux porte-à-faux et s’adapte aux formes existantes du bâtiment. Des assemblages mécaniques ont également été incorporés pour permettre tous les ajustements que la forme organique impose.
Les architectes se concentre ensuite sur le parcours lui-même et conçoit de nouveaux tracés transformant le cheminement linéaire existant en une expérience plus dynamique. Les visiteurs peuvent à présent prendre en charge leur propre itinéraire à travers les cinq écosystèmes du Biodôme, qui abritent plus de 250 000 animaux et 500 espèces végétales.
« Nous devons reconnecter les gens avec l’environnement, et le Biodôme le fait d’une manière rafraîchissante à laquelle nous sommes fiers d’avoir contribué », ajoute M. Bebawi. « Ce projet nous a apporté six années de connaissances inestimables, nous préparant à des approches nouvelles et innovantes pour de futurs projets où l’architecture devient un outil pour promouvoir et faciliter le changement environnemental. »
Le tunnel d’entrée se distingue par une très subtile inclinaison du plancher, destinée à ralentir le rythme des visiteurs dans cette section compressée du hall d’accueil, et les invite à faire le vide pour faciliter l’appropriation de nouvelles expériences sensorielles. Une fois le noyau central atteint, de petites fentes creusées dans la paroi vivante, nommées écotransits, conduisent les visiteurs vers les écosystèmes.
Des portes automatiques s’ouvrent alors sur l’environnement naturel, qui demeure cependant toujours visuellement obstrué par un rideau de billes. Avant même que les visiteurs traversent cet écran, ils ont déjà été exposés au climat, aux odeurs et aux sons du milieu. À l’entrée des Régions subpolaires, un tunnel de glace permet l’acclimatation des visiteurs. Les sons et les odeurs des alcidés et des manchots leur parviennent avant qu’ils puissent observer ces animaux, apportant ainsi une stimulation sensorielle additionnelle.
Avant de concevoir un nouveau bassin pour les manchots par exemple, l’équipe de Kanva passe plusieurs semaines en compagnie de biologistes et de vétérinaires afin de mieux comprendre les habitudes de nage de l’espèce. Un travail de recherche similaire a été effectué afin de donner une impression d’authenticité à la hutte de castor, plateforme d’observation de l’animal dans son habitat naturel. En étudiant les prouesses architecturales de l’animal, l’idée est née de laisser les castors sculpter eux-mêmes le bois, qui a ensuite été séché et utilisé pour tapisser l’intérieur de la hutte.
Pendant que le voyage est encore restreint dû à la situation sanitaire, pourquoi ne pas jouer les touristes dans votre propre ville ?